C’est un soir de mai 2017, alors que nous nous apprêtions à dévorer un excellent repas concocté par l’équipe du fiEstival maeltrÖm reEvolution, que Dominique Massaut m’a approché en me glissant discrètement à l’oreille : « j’aimerais que tu composes la musique d’un projet sur lequel je travaille. »
C’est là qu’est né – pour moi – le travail sur Débordements.
DomM et moi nous connaissions un peu, de loin, sans plus, ni moins. J’ai accepté la mission, et si le message s’est autodétruit, cette promesse par contre a été tenue et concrétisée.
Nous avons amorcé réellement le chantier en 2018, tout d’abord par des séances d’écoute et de discussion. Au gré de ces échanges, une amitié a grandi, fort, de plus en plus fort. Et lorsque nous avons entamé la concrétisation du CD, tout a été finalement simple, fluide, amusant, énergisant. Nous avons pris le temps de pousser le plus en avant possible notre besoin de perfectionnisme. Non pas que nous ayons abouti un travail « parfait », mais juste, cohérent. Débordements fut aussi pour moi l’occasion d’affiner le rapport entre musiques et poésies / oralité, d’approfondir le travail de production, de montage… et de travailler également avec Vincent Tholomé, Laurence Vielle, David Giannoni, soit une dream team poétique, renforcée par deux autres compositeurs : Alain Subrebost et Jean-Christophe Detrain, sans oublier l’input de Pierre Devalet. J’avoue avoir finalement effectué un beau voyage tant humain que créatif, ça compte.
Rapidement, je me suis aperçu que ces crues étaient en lien serré avec d’autres débordements. Et voilà, hop : un livre-disque, « logorrhéen », avec une musique de « poètes du son », qui évoque les excès, le gigantisme des sociétés contemporaines, la surproduction, les pesticides, les additifs, le 6ème continent… et aussi ce pauvre type qui – il n’en peut rien – est né « excessif » (il sue, il pue, il parle fort, il rit fort, il éternue…). Et lui, non, il ne peut pas; ça dérange tout le monde. Voilà. À la fin, la Rivière (véritable personnage sonore) retourne dans son lit, dans son calme sautillant, sa vieille jeunesse, sa nature « bougeante », et ce qu’elle charrie aussi de côtoiement positif avec une activité humaine qu’on espère bientôt plus « accordée », plus en équilibre entre le faire et le recevoir. Ce fut une expérience d’écriture particulière, en lien intime avec le corps en danger, mais avec les sons des choses et des hommes, dans une tentative de réconciliation par le lien harmonieux. » (Dominique Massaut)
Débordements, livre-CD, Editions Maelström (Bruxelles, ), 15 €.
À écouter/télécharger en ligne à prix libre ici : https://maelstromreevolution.bandcamp.com/album/d-bordements
Textes : Dominique Massaut
« Poétique du son » : Gauthier Keyaerts
Musiques : Gauthier Keyaerts avec Alain Subrebost/ Jean-Christophe Detrain/ Stephan Ink
Voix : DomM (Dominique Massaut)/ Laurence Vielle/ David Giannoni/ Vincent Tholomé/ Les Kids de Villenave-d’Ornon
Extrait de La Rivière:
Aujourd’hui la rivière elle se fâche s’est déjà fâchée la semaine dernière la rivière et encore la semaine d’avant la semaine dernière la rivière ça fait quatre fois quatre fois qu’elle se fâche et c’est pas fini on sent ça que c’est pas fini c’est du tout cuit que les crues c’est pas fini la rivière elle bourdonne elle est capable la rivière de faire plus de bruit que la tempête plus de bruit que la mer quand elle veut la rivière…